(Revue des études juives, tome 48, n°96, avril-juin 1904. pp. 230-240)
"Le manuscrit n° 24 de la Bibliothèque de l'Alliance israélite est un Recueil de prières pour toute l'année selon le rite aschkenazi. C'est un in-fol. de 451 feuilles sur fort vélin, en écriture carrée avec points-voyelles pour le texte; les indications aux fidèles et à l'officiant sont données en lettres rabbiniques, les premières d'écriture italienne, les autres d'écriture allemande. Quelques additions, de date postérieure, sont en judéo-allemand. Il y a bien des passages barrés par la censure, mais ils restent lisibles.
Ce ms. est enrichi de miniatures et de dessins multicolores, dont quelques-uns sur fond d'or. En outre, les lettres de mots importants ou des rubriques sont enjolivées de feuillages et de panaches. En raison de la similitude singulière qui existe entre les lettres א et מ dans le texte « des usages », de la forme du ש rabbinique, qui a le sommet pointu à gauche (Dans la partie écrite en lettres carrées, le point diacritique qui sert à distinguer le sin du schin est placé, non sur la dernière haste de droite ou de gauche, mais à droite et à gauche de la haste médiale, sans confusion avec le point-voyelle ô) , de la remarque faite, f. 27 a ( comme on le verra ci-après), concernant le rite français, et surtout des détails d'ameublement et de costume ou de coiffure fournis par les enluminures, on est porté à attribuer ce Mahzor au XIIIe ou au XIVe siècle.
Le volume commence au milieu de la série de versets qui suit la formule ברוך שאמר, et il se termine aux mots והוא רחום, (prière
du soir), à l'issue du Kippour. Dans aucun des offices il n'y a le poème שיר היחוד.
F. 13 b. Sur cette page primitivement vide, avant la formule finale de la première section du matin, le ישתבח on lit une invocation
cabbalistique aux anges פיסקרן ,,איטאון et סיגרון en écriture rabbinique allemande ancienne, mais plus récente que le reste.
F. 14 b. Dans le יוצר de Rosch haschana le mot מלך occupe la moitié de la page, en lettres aux. contours dorés, aux pleins bruns, aux jointures ornées de roses. Le tout est peint sur un carré de fond bleu au semis de fleur de lys d'or, formant un parallélogramme à bandes de feuillage sur bleu clair, encadré de lignes rouges et orné de feuilles rouges à chacun des quatre angles.
F. 15 a. et suiv. Notes marginales, qui servent à expliquer certains vers difficiles des Pioutim.
F. 23 a. Les lettres du mot אהחיל, commencement d'une poésie du matin, sont tracées en lettres feuillagées à jour.
F. 27 a, en marge : הצרפתים נוהגים « les .Juifs de la France (du Nord) ont adopté l'usage d'intercaler à cette place le petit poème alphabétique : אתה הוא אלהינו »
F. 30 b. Le mot מלך que l'on retrouve ici, est écrit en rouge plein, dans un rectangle historié de chimères et feuilles blanches, sur fond bleu, avec semis fleurdelisé rouge, encadré de lignes rouges et de trèfles rouges aux quatre coins.
F. 42a en haut. Le mot ברוך de la bénédiction précédant la sonnerie du Schofar est en lettres d'or dans un rectangle a fond bleu semé d'étoiles blanches, encadré d'une bande d'or (Encore à la fin du XIII siècle, beaucoup de peintures se détachent sur un fond d'or brillant, cette couleur indiquant le ciel, dit Aug. Molinier, Les Manuscrits et les Miniatures, p. 209).et d'une ligne rouge, agrémentée d'un petit carré, or, bleu et rouge, à chacun de ses quatre angles. Cet encadrement trilobé caractérise aussi les deux petits tableaux suivants.
Ibid., au milieu de la page. À droite, dans un carré du tiers de largeur de la page, bordé par deux bandes latérales verticales bleues et deux bandes horizontales, rouges en haut et en bas, agrémenté de carreaux d'or aux quatre angles, sur fond d'or, un très vénérable rabbin à longue barbe blanche, couvert d'un talith, coiffé d'une chape à double turban, ou tiare à deux couronnes, est assis dans un fauteuil ancestral, à dossier arrondi. D'une main aux doigts effilés, il donne le signal de commencer à sonner du Schofar. Sa robe bleue, en soie brodée, est couverte d'un manteau brun clair. Le siège d'honneur où est assis le chef spirituel de la communauté, ressemble an modèle du XIIIe siècle donné par Viollet-le-Duc, Dictionnaire raisonné du mobilier· (I, p. 42, fig. 2).
Ibid., à gauche. Le sonneur de Schofar, au chapeau pointu, vêtu d'un manteau rouge, a le pied gauche posé un peu sur l'escabeau, que l'on voit à droite et dont on devine plutôt qu'on ne distingue nettement les garnitures ogivales. Le cadre et le fond sont semblables au petit tableau placé vis-à-vis, sur le même plan.
Entre ces deux vues, on lit chacune des trois séries diverses de Tekioth une seule fois.
F. 42 b. Le mot זכרנו dans le Schemoné Esrè du Moussaf de Rosch haschana, occupant le tiers inférieur de la page, est dessiné en grosses lettres, peintes alternativement en rose et en vert, aux linéaments blancs sur fond quadrillé d'or, encadré d'une bande rouge en haut et en bas, verte il droite et à gauche, avec addition de quatre petits carreaux. vernissés d'azur, aux quatre angles.
F. 53 b en bas, en réclame de la page suivante, le mot שופר empanaché.
F.· 59a. Le mot ונתנה (le premier de L'Elévation ונתנה תוקף,) occupe tout le second quart de la page, peint en rouge , en bleu foncé et vert pâle alternativement, les pleins des lettres sont historiés de chimères blanches, et les jointures sont dessinées en rosaces sur fond noir. Les deux premières lettres, l'une rouge, l'autre bleue,· sous un fond jaune, à ramage damassé; les deux suivantes, en vert pâle et jaune clair ont un fond rouge uni, et la dernière lettre en rouge est sur fond vert pâle
F. 74 b. Un autre sonneur de Schofar, au chapeau rouge pointu, vêtu mi-partie vert et mi-partie rouge, chaussé de gros souliers noirs pose le pied gauche sur un tabouret trépied. Le fond du tableau carré est bleu foncé, avec semis de fleurs de lys d'or.
F. 75 b. au bas. Après le mot זכר isolé, un griffon ou chimère rouge, dont la queue est une feuille de vigne, verte ; la tête en jaune clair, et les deux pattes en jaune plus foncé
F. 79 b. Un troisième sonneur de Schofar, le talith sur la tête, à la tunique verte, les chausses rouges, les souliers noirs, appuie le pied gauche sur une chaise en bois sculpté de style ogival primitif. Les montants supérieurs sont ornés de pommes en bois tourné (Voir Viollet-le-Duc, ibid. p. 43, fig. 3, et 49, fig. 9). Le tout sur fond bleu.
F. 84 b. Le même sonneur de Schofar (habillé comme ci-dessus) pose le pied droit sur une grande chaise à dossier, en style ogival. À sa gauche, le diable a tète de bouc, le corps terminé en feuille verte, est épouvanté par le son du Schofar et semble vouloir fuir.
F. 86 b. Un jeune homme, au chapeau rouge pointu, couvert d'une tunique rouge en étoffe damassée, chausses vertes et souliers à la poulaine, crie : Amen !
F. 88 a. Le mot מלך premier du Piout d'Arbith du deuxième soir de Rosch haschana, occupe plus de moitié de la page, peint dans le même style qu'au f. 14 b, sauf détails dans l'alternance des couleurs.
F. 91 a. Autre מלך dans le même style, sauf que sur le fond rouge ressortent des chimères et feuilles blanches. Sur le fond étoilé blanc, est un rectangle à fond bleu pâle, garni de feuillage blanc.
F. 101-102 a. Les initiales du poème תמים פעלך composé en alphabet rétrograde תשרק sont peintes, les onze premières en rouge, les onze dernières en vert, ainsi que l'acrostiche du nom d'auteur, שמעון בר יצחק (le premier prénom deux fois) en vert. Même alternance vers la fin du וידוי de l'office du Kippour au matin et au commencement du Moussaf.
F. 104 a. Le mot קדוש est surmonté d'une ornementation triangulaire, s'épanouissant en feuille au sommet, propre au XIIIe siècle, mais qui a pu être en usage encore au XIVe siècle.
F. 116 a. Le mot ותזכר écrit dans tonte la largeur de la page, en lettres creuses, est préparé pour l'enlumineur, qui à partir de là n'a pas continué son oeuvre.
F. l 49 b, au bas. Dans le piout des זכרונות a l'office du Moussaf de Rosch haschana, en réclame de la page suivante, est écrit le mot למענם, en lettres alternativement rouges et vertes, au-dessus d'un buste ailé et couronné. dont la langue est une flèche visant la page suivante.
F. 196 b. Le premier mot du piout אז ביום כפור au commencement de l'office du matin יוצר de Kippour, occupe la tête de cette page dans toute sa largeur, dessiné et peint dans le goût des précédentes illustrations. Comme complément a gauche, figure une caricature moitié corps humain, moitié griffon, sur deux pattes fourchues, en tout semblable à la figure suivante qui est seulement plus grande. Nous ignorons le sens de cette image additionnelle, à la race juive, coiffée d'un chapeau pointu.
F. 259 b. La même caricature semi-humaine, semi-chimère, est reproduite également agenouillée, dont la position à genoux s'explique cette fois par le texte. Cette figure est peinte dans la Kedouschâ, vers la fin du piout מלכותם après le vers « toutes les créatures s'agenouillent devant toi »
F. 264a. Dans l'office du matin (Schemonè Esrè) de Kippour, le premier mot de la Seliha אנא הואל est figuré en lettres historiées comme précédemment, mais dont les couleurs tendres sont remarquables. C'est la seule fois où le peintre s'est servi des nuances douces du lilas et du gris .
F. 387 b. Au commencement de l'office de Moussaf du Kippour, le mot שושן occupe tonte la largeur 'de la page, sous. un rinceau de feuilles sur fond jaune très clair ; au-dessous est un rinceau sur fond noir. Les lettres peintes sur fond vert clair, et les jointure sont de petites rosaces en blanc et rose. - Après אבינו מלכנו, le קדיש et la Tekia sans la récitation des שמות commence aussitôt la prière du soir ordinaire.